Joe, un surfer enthousiaste, se joint à notre table, au café du port. Il nous confie qu’il est en train d’aider sa belle-mère a vider le sous-sol de sa maison, qui déborde des collections de son défunt mari : jouets, bouteilles de bière, timbres, National Geographic, bref, plus ou moins tout ce qui se collectionne. Ce processus épuisant les oblige à envoyer les collections en Grande-Bretagne pour être vendues aux enchères, car il ne croit pouvoir trouver personne en Nouvelle-Zélande qui puisse acheter autant d’objets. Il nous dit ensuite que lorsque sa première femme est décédée, il ne s’est senti capable de reprendre sa vie que le jour où il s’est libéré de tout ce qu’ils avaient en commun. Il a rencontré sa seconde femme récemment et ils se retrouvent avec le double de tout : ils ont même en commun une dizaine de vélos. Il conclut donc simplement et philosophiquement : too much stuff, too much food, too much booze (trop de choses, trop de nourriture, trop d’alcool). Il résume assez bien le sentiment qui m’envahit de plus en plus souvent lorsque je vais dans les grandes villes (mais pas que) et que je me retrouve dans un centre commercial ou autre coin bondé de commerces. Je suis d’abord ravie par la nouveauté, mais je me sens ensuite rapidement accablée par le poids des choses, l’abondance de la nourriture, bref, le nombre de choses qui nous sollicitent constamment. Ensuite, je revois tous les trucs vendus en magasin dans les « charity shops » et je me dis que je n’aurais aucun mal à meubler toute une maison avec ce que j’y trouve, mais, surtout, que la terre pourrait faire une pause d’une dizaine d’années pour se libérer du surplus que nous semblons avoir accumulé. Acheter quoi que ce soit est par conséquent devenu pour moi un processus de réflexion de plus en plus compliqué. Grâce à Joe, je me sens un peu moins seule.
une fois dans ma vie, faute de place, j’ai fait le grand vide…il était changement de vie, aussi…quelle légèreté dans un tel geste…j’ai adoré…belle journée, sylve…
Cela m’arrive souvent depuis quelque temps. Parfois liberateur et parfois douloureux 🙂
The owners of the house next door to us died about 7 years ago. Being unable to face the task, their daughter has left it exactly as it was
It must feel a little strange.
Certainly
Les riches meurent étouffés par les choses, les réfugiés ont tout perdu. C’est davantage d’une pause dont nous avons besoin…et si on essayait la simplicité et le don
Quel desequilibre !
oui, le poids des choses…
et n’est-ce pas que c’est tant mieux si enfin, dans cette immense économie de marché, on commence à réfléchir avant d’acheter… cette planète aussi doit sentir le poids des choses…
et puis beau texte, Sylvie, ça se lit comme un charme
The more space we have, the more we fill it. I am an inveterate collector, but I have noticed that habit slowing as I get older. Still, I feel I can never have too many books or too much art on the walls. (My husband feels the same way about bicycles.)
Books and art would not be under the « stuff » category for me. My books are in storage at the moment and I miss them very much 🙂
Yes. I’ve given away so many books that I now wish I had kept.
Somebody told me this morning she had given away 400 books. I could not do this myself.
I’ve given away more than that over the years. If I hadn’t, I’d have had to rent a very large storage space. But I regularly wish I had kept this or that volume. It happened just the other day, that I decided to read Vikram Seth’s « A Suitable Boy, » which I had on my shelf for a decade, unread, and finally gave away. So I had to purchase it again!
been there, still there, too many books, got rid of a lot, buying more…
c’est difficile de s’alléger du poids du temps
If we have to put on weight, le poids du temps is the best kind 🙂
Oh oui, Sylvie. Plusieurs déménagements m’ont amené à emporter le strict nécessaire et finalement à m’en satisfaire très bien. Nous n’avons jamais été aussi sollicité et presque culpabilisé devant cette opulence indécente.
Pas mal de mes possessions sont en entrepot en ce moment, c’est donc le bon moment pour reflechir a tout cela (je m’ennuie cependant de mes livres)
J’ai encore quelques objets dans un sous sol aux usa… Quant aux livres, j’ai du me séparer des trois quart, et finalement je ne le regrette pas. C’est une forme de libération, un peu douloureuse au début mais finalement bienfaisante (pour moi du moins)
Très belle réflection.
Bonne soirée
Bisous
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Merci Georges, bonne soiree 🙂
sentiment que je partage totalement; se libérer des objets, aller au dépouillement, je le vois quand je pars faire un périple de quelques jours, je n’ai pas besoin de grand chose et cela me suffit, une façon d’être disponible et sans attache.
alleger le quotidien…
Comme toi, j’y réfléchis à deux fois avant d’acheter certaines choses. Je trouve de plus en plus certains achats inutiles. J’essaye de m’encombrer le moins possible. Comme tu le dis, on peut trouver de nombreuses choses d’occasion. Des jolies, et des solides. Parce que de toute façon on n’ira pas dans la tombe avec nos meubles 😉
Et on tend a l’oublier de temps en temps 🙂
c’est vrai, on n’ira dans la tombe avec nos choses