Buenos Aires*

_MG_1120.JPG

La Boca, Buenos Aires, « tin house », octobre 2018, canon, ©Sylvie Gé

Je suis impressionnée et perplexe devant la grandeur de Buenos Aires. J’ai l’impression d’être à Paris, peut-être, ou en Italie, mais pas en Amérique du Sud. Les boulevards sont immenses, les parcs omniprésents, les édifices grandioses, les contrastes, saisissants. Un tour de ville s’impose (c’est d’ailleurs le seul endroit où je peux sortir mon appareil photo) dans une ville où plusieurs quartiers sont déconseillés aux touristes. Je m’attendais à voir toute la flamboyance du tango et de ses couleurs dans les rues de la ville, mais je ne trouve que réserve et couleurs sombres, peut-être parce que dans un pays où les difficultés économiques ne font que se multiplier, il vaut mieux ne pas trop attirer l’attention.
On conseille de visiter le cimetière de Recoleta, le cimetière le plus célèbre d’Amérique du Sud, dit-on. Je ne me le fais pas dire deux fois, car depuis toujours, je suis attirée par les cimetières. Je peux donc cette fois combler mes désirs un peu morbides sans devoir m’excuser. Le lieu est immense et impressionnant, les matériaux sont tous plus rares les uns que les autres, mais je n’arrive pas à me recueillir, comme c’est habituellement le cas, lorsque je vais dans ces lieux.
Le dernier jour, nous prenons la décision de faire un « free walking tour » du centre-ville avec  un guide qui, je crois,  nous racontera  l’histoire de la ville en marchant lentement d’un monument à l’autre. Au lieu de cela, Martin, un jeune sociologue, marche vigoureusement entre quelques monuments, mais s’arrête la plupart du temps dans les lieux les plus improbables pour raconter avec passion et émotion l’histoire de sa ville et de son pays, ses difficultés historiques et présentes, le courage de ses femmes qui ont défié le pouvoir pour retrouver leurs enfants disparus sans laisser de traces. Après trois heures de marche vigoureuse, Martin conclut avec une citation de Malraux (que je cite librement) : « Buenos Aires est la capitale d’un empire qui n’a jamais existé ». Et à ce moment, je comprends Buenos Aires et j’ai envie d’y revenir. Peut-être un jour.

  • Ville de contraste, je choisis une « tin house » du quartier de La Boca, un quartier peu recommandable, pour illustrer Buenos Aires, plutôt qu’un des monuments grandioses de la ville, qu’on peut trouver facilement sur Internet.

7 réflexions sur « Buenos Aires* »

  1. On part souvent avec des images en tête, puis la réalité des lieux nous rattrape… J’ai ressenti ça au Cambodge. J’avais des images de monuments perdus dans la jungle et nous sommes arrivés dans un pays où la déforestation et le tourisme ont fait leur oeuvre. En revanche, les gens s’y sont révélés chaleureux et pleins de joie de vivre. Ce sont souvent les rencontres qui nous donnent l’envie de revenir. La réalité d’un pays, ce sont les gens qui y vivent. 🙂

Laisser un commentaire