Sinon l’enfance…

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En regardant cette dictée*, parfaite, je remarque surtout la beauté de sa calligraphie, qui symbolise toute la magie  de l’enfance. Pendant qu’on s’applique à maîtriser  tous les détours et les aspérités de la calligraphie, il se passe autre chose, mais quoi   ? Le vers de Saint-John Perse me revient en mémoire :

Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus?

Eloges (1911)

* La dictée est une gracieuseté de Viggo.

10 réflexions sur « Sinon l’enfance… »

  1. Un enfant qui apprend à écrire à la main « forme » son cerveau ; il le « sculpte » en programmant, pour chaque lettre, la gestuelle de son bras, de sa main, de ses doigts. Son cerveau apprend ainsi à tracer chaque lettre et à associer physiquement celle-ci à un son. C’est un apprentissage qui n’est moins intellectuel que physique. Il apprend ensuite à composer des mots, en associant des lettres pour reproduire la sonorité de chaque mot. Il apprend aussi à reconnaître les multiples formes que peut prendre ces lettres, puisqu’il a lui même appris à décoder sa propre écriture.

    Un enfant qui apprend à écrire « virtuellement », sur un clavier, n’accomplit pas cet apprentissage. Le geste de former des lettres passe par une touche sur un clavier. L’enfant n’apprend pas à former les lettres, les tracer… il les voit apparaître sur un écran. Ce n’est pas le même apprentissage. Son cerveau n’est ainsi pas formé à lire et à écrire de la même façon que s’il avait appris à le faire physiquement. Le geste d’écrire devient désincarné, « virtuel ». C’est comme si on tentait d’apprendre à jouer au « foot », par exemple, par l’intermédiaire d’une console d’ordinateur. Ce ne sera jamais la même expérience que de le faire « réellement ».

    Cet enfant entrera dans une ère « virtuelle », certes… à quel prix ?

  2. Il y a quelques semaines j’ai entendu à la radio avec la réforme scolaire au Québec qui n’a pas si bien marché finalement que des personnes commencent à s’interroger sur la pertinence de continuer à enseigner l’écriture manuscrite considérant que de plus en plus de communication écrite se font par clavier ….. et c’était tout ce qu’il y a de plus sérieux

  3. Comme j’espère, moi aussi, que l’on donnera toujours aux enfants, tel un cadeau de passage, cet outil de liberté, cette belle autonomie. Cette connexion sublime entre la main et le cerveau!
    Triste, oui. À l’idée aussi que l’on puisse un jour ne plus savoir dessiner des mots… d’amour et autres… dans le sable… sur un mur de béton…

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