Impressions de lecture (3)

 

 

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God in Ruins, de Kate Atkinson,  n’a pas encore été traduit en français mais  le sera sans doute bientôt, comme la plupart de ses  livres l’ont été. Elle est surtout connue pour sa trilogie Jackson Brodie, un détective attachant, qui a donné  lieu à une série télé. Comme presque toujours, j’ai préféré les livres  à la série télé, pour les raisons habituelles, mais je dois cependant dire que quelques-uns des acteurs de la série étaient impressionnants, y compris le détective. Mais comme d’habitude, il est impossible pour une série télé d’avoir la même profondeur que le livre dont il est tiré.

 

Quant à God in Ruins, il fait suite, accompagne, préfère dire Atkinson,  à Une Vie après l’autre, un livre qui raconte l’histoire d’ Ursula Todd. Atkins relate avec beaucoup de talent les différentes  vies qu’elle aurait pu avoir à l’époque de la Deuxième Guerre Mondiale. God in Ruins est l’histoire de son frère, Ted, qui devient pilote de guerre et qui, contre toute attente, survit à la guerre, pour reprendre une vie  à laquelle il ne s’était pas préparé en quelque sorte. C’est également l’histoire de sa femme, Nancy, de sa  fille, Viola, et de ses petits-enfants, Bertie et Sunny.  Selon le Guardian, c’est le meilleur livre d’Atkinson à ce jour. Il est vrai qu’Atkinson y maîtrise son style  à merveille. J’admire particulièrement la manière dont elle arrive à contraster ce que les personnages disent et ce qu’ils pensent, à l’aide de parenthèses. Elle va et vient entre les époques sans jamais que le lecteur ne se perde et  décrit de manière admirable l’intériorité des personnages. Quelques passages de ce livre, notamment ceux qui traitent des  relations de Viola avec son père, la manière dont Nancy interagit avec son mari alors qu’elle sait qu’elle va mourir bientôt (je ne gâche pas l’intrigue, car on sait très tôt dans le livre que  Nancy est morte) m’ont hantée pendant plusieurs jours. On se demande tout au long du livre  pourquoi Viola est  horrible avec son père et on ne l’apprend qu’à la fin (mais d’une manière insatisfaisante, à mon avis). Atkinson ne l’a peut-être pas voulu ainsi, mais on y sent  un faible pour Ted et,  à travers le personnage de Viola,  elle décrit la génération des baby-boomers (dont elle-même fait partie),  comme une génération narcissique, insatisfaite, incapable d’aimer, entre autres choses. J’ai lu avec avidité un grand nombre de passages du livre mais mon  intérêt  s’est affaibli à quelques reprises, sans que je sache trop  pourquoi. Peut-être parce qu’il semblait y avoir deux livres dans ce livre : la guerre de Ted et   l’histoire du reste de la famille, ou du moins celle de Viola et de ses enfants. Quant à la fin, que j’ai trouvée plutôt facile et peut-être même un peu paresseuse, elle a un peu  gâché ce qui était par ailleurs un livre excellent ( d’autres estiment que c’est une fin extraordinaire, donc c’est à chacun de déterminer ce qu’il/elle en pense), même s’il est vrai que cette fin contient une réflexion intéressante sur la frontière entre la  fiction et la réalité, de même qu’une proposition intéressante sur la permanence de la littérature. Atkinson s’amuse par ailleurs à faire de Viola une auteure populaire presqu’aussi « bonne que Jodi Picoult » et elle fait dire à Viola que pour devenir un auteur respecté il faut écrire sur la guerre. Elle regrette également de ne pas avoir posé de questions à son père : elle aurait pu utiliser cette information dans un roman (romanciers vautours).

Ce livre saura intéresser les lecteurs de tout âge, car on y trouve le portrait de plusieurs générations. L’anglais n’est par ailleurs pas difficile à lire, pour ceux qui n’ont pas envie d’attendre la traduction.

 

Mon livre préféré d’Atkinson reste cependant Sous l’aile du bizarre, peut-être en raison de la description très humoristique, dont seul les Britanniques ont le secret, qu’elle fait de la vie universitaire. Pour ceux qui n’ont jamais lu Atkinson, la série de détective sera peut-être idéale, même pour ceux qui n’aiment pas les romans policiers (ou peut-être surtout pour ceux qui n’aiment pas les romans policiers), car la force d’Atkinson dans cette série est de présenter les intrigues policières comme des accidents qui arrivent dans la vie des  individus, plutôt que de les présenter du point de vue d’une enquête policière,  comme c’est souvent le cas, dans d’autres romans.

 

7 réflexions sur « Impressions de lecture (3) »

  1. Ah Kate Atkinson, j’avais beaucoup aimé ses premiers livres (les premiers traduits en français) notamment j’avais adoré le premier disponible « Dans les coulisses du musée », je me revois noter le titre consciencieusement en écoutant Apostrophe (ou l’emission suivante de Pivot), je n’avais pas été déçue.

    1. Je crois qu’elle a beaucoup evolue depuis ce live, en fait on pouvait y deceler toutes les qualites qui la rendent interessante, j’aurais tellement aime voir cet Apostrophe (je m’ennuie de BP) 🙂

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