Les mots (17)

Les mots

En rédigeant mes impressions de lecture, j’ai utilisé les mots vrai et  véridique. Je ne croyais pas pouvoir utiliser true dans les deux cas et dans le second j’ai choisi credible, pour exprimer « qui témoigne d’un souci de vérité » (j’aurais également pu utiliser truthful),  je me suis demandé quelle était la nuance  de sens entre ces deux mots et véritable, un autre mot de la même famille. Il n’est pas étonnant de constater que vrai « conforme à  la vérité »  vient du latin populaire veracus, comme  résultat de l’évolution naturelle du mot vers le français, car  les mots français (et non empruntés au latin à une date ultérieure) sont généralement  courts. Véritable vient pour sa part du latin classique : il est un dérivé du substantif vérité « dont l’existence, la réalité ne peuvent être mises en doute ». Véridique « qui témoigne d’un souci de vérité » vient également du latin classique veridicus et de dicere « dire ».  Différentes nuances, donc,  pour chacun de ces mots : le premier insiste davantage sur la distinction vrai/faux, le second  sur la réalité (souvent traduit par real en anglais), et le troisième sur la fidélité ou la justesse. Il est fascinant de constater que ces mots sont utilisés dans le contexte approprié par les locuteurs natifs sans qu’ils se rendent toujours compte des nuances subtiles entre les mots.

 

27 réflexions sur « Les mots (17) »

  1. Fantastique ! J’ai appris quelque chose de nouveau en lisant cet article. J’aime bien les nuances dans la langue française. Ça me fascine énormément ! Merci beaucoup 🙂 (p.s. Parlant des mots…Que pensez-vous de la « Réforme de l’orthographe » qui est dans les journaux cette semaine?? Vive l’accent circonflexe?)

    1. Merci jetgirlcos. La question de l’orthographe, je ne saurais y repondre rapidement, donc je redigerai un article dans quelques jours a ce sujet. Merci de m’y avoir fait penser 🙂

  2. Merci Sylvie pour cet éclairage vraiment pertinent. Souvent on emploie les mots à l’intuition ou pour sa sonorité, rarement pour son sens exact,mais on est rarement loin de la vérité de nos sensations

  3. Bon jour,
    Ah ! les mots ! Diantre, à la vérité, les mots ne sont qu’une
    base pour communiquer, un référentiel, une convention, une invention. La définition est construite sur vocable, une intuition, une émotion, … et puis trop souvent à chacun son ressenti, son interprétation. Et, peut-être, que la poésie, est là, pour éclairer les mots dans leurs sens, le plus, conscient. Mais l’on invente des synonymes …
    Bref, cela, me rappelle une œuvre de Magritte  » ceci n’est pas une pipe » (et le dessin est un pipe).
    Et puis avec le temps, le mot se transforme, s’émancipe aussi, prend une nouvelle tournure, s’enhardit dans un autre champ d’application.
    Bref, comme nous dit Jabès « le mot ne redoute pas le mot mais la phrase ».
    Et puis sur la vérité, Phèdre nous donne une idée sur la chose en question : le propre de la vérité ne tient qu’à celui qui est capable de séduire le grand nombre sur sa qualité d’être … la vérité. 🙂

    Max-Louis

    1. Belles reflexions Max-Louis. J’aime beaucoup Magritte et il en est de la verite et du mensonge comme il en est de la fiction et de la realite, je crois, pas toujours facile d’etablir la frontiere. Merci d’etre passe Max-Louis 🙂

  4. Your Blogroll includes « Click here for the English version, » but the site has been deleted. This is regrettable, because most of my high school French has long since deserted me. 🙁

  5. I agree, how amazing that speakers inductively pick up these usages without looking in a dictionary! « Veritable » in English is very close to the French. I wonder if it is in fact a loan word from French.

    1. Choisir les mots au hasard donnerait des situations amusantes, sans doute. Je voulais surtout insister sur le fait qu’on ne le fait pas toujours en etant conscient de la subtilite des nuances, mais la plupart du tems sans se tromper.. Merci d’etre passe bonheur du jour 🙂

  6. Sans être forcément très calé sur la question, je souscris entièrement à votre analyse : on utilise ordinairement bien les mots de sa langue maternelle. On a un « sens de la langue » qui fonctionne bien. Mais merci des informations données.

  7. En ce moment, je reprends des cours d’anglais et j’ai le même constat dans cette langue. Il y a des synonymes qui – traduits – changent le sens de la phrase. Même en restant fidèle au sens, on ne peut le faire entendre sans au moins se mettre à penser dans cette langue.

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