Impessions de lecture

Ce que j’ai  découvert cette année est que l’impression que j’ai en lisant quelques paragraphes d’un livre varie grandement selon mon état d’esprit. Je croyais jusqu’à récemment  que la variation dans mes  réactions (souvent d’abord négatives, puis positives) venait de l’évolution de mes goûts littéraires (qui se raffinaient avec le temps), croyais-je, mais je me suis rendu compte  qu’il s’agit tout simplement de mon état d’esprit au moment où je lis quelques paragraphes d’un auteur que je connais peu ou pas (banal).

Toni Morrison. The bluest eyes (Les yeux bleus).  L’histoire d’une petite fille noire qui rêve d’avoir les yeux bleus, mais aussi l’histoire de toute une communauté. Publié en 1970, le premier roman de Morrison est un chef-d’œuvre, qui n’a pas pris une seule ride. Difficile de croire qu’il s’agit d’un premier roman, qu’elle maîtrise du début à la fin. A noter, le documentaire sur Netflix, sur l’autrice également récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1993.

Anne Enright. The Actress (toujours pas publié en français je crois). Publié en 2020, le dernier livre de l’autrice irlandaise ne m’a pas apporté autant de joie que The Gathering et The Green Road (qui ne semblent pas avoir été traduits en français), gagnant du Man Booker. Dans son plus récent livre, elle raconte l’histoire de la fille d’une actrice qui revient sur la vie de sa mère et réfléchit à ce qu’elle a signifié pour elle. Elle écrit toujours aussi bien dans un livre qui contient des moments forts,  mais j’ai eu du mal à m’intéresser à ce sujet. Je trouve habituellement le contexte culturel irlandais très intéressant et, comme de nombreux auteurs irlandais, Enright maîtrise la plume, mais je préfère lorsqu’elle se plonge dans les histoires familiales, où elle semble trouver la profondeur de sa voix.

Hilary Mantel. The Mirror and the Light (pas encore traduit en français je crois). Troisième volet de la trilogie autour de la vie de Thomas Cromwell, publié en 2020 je croyais que ce livre qui m’a impressionnée davantage que les deux premiers serait non seulement  en lice pour le Booker de cette année, mais gagnerait pour la troisième  fois (ce qui aurait été du jamais vu). Cela ne s’est cependant pas matérialisé. J’ai lu ce troisième volet près avoir lu Giving up the ghost, publié en 2003, l’autobiographie de Mantel. Est-ce la raison pour laquelle  j’ai eu l’impression, en lisant son plus récent livre, d’avoir affaire à une medium, plutôt qu’à une écrivaine. On a vraiment l’impression d’être transporté dans la tête de Thomas Cromwell, et c’est là son plus grand talent. Je ne sais pas si elle maîtrise davantage son écriture et son personnage dans le troisième volet, ou si je l’apprécie davantage après avoir lu sa biographie. Quoi qu’il en soit, un travail de maître encore une fois. C’est cependant son écriture qui m’a fascinée cette fois-ci, plutôt que le personnage. Je dois d’ailleurs avouer qu’il y avait un peu trop de torture vers la fin, mais cela n’a en rien gâché mon plaisir.

Ian McEwan. Solar (pas encore traduit en français je crois). Il s’agit du second ou du troisième livre de McEwan que je lis, celui dont je me souviens est Atonement (Expiation, en français), devenu un film mettant en vedette Keira Knightley et James McAvoy (pas aussi bon que le livre) et Amsterdam (dont je me souviens vaguement). Selon The Guardian, McEwan se spécialise dans les personnages unidimensionnels, souvent des  scientifiques. Dans ce livre publié en 2010, l’auteur britannique se met dans la peau d’un homme qui a obtenu le Prix Nobel de physique à un jeune âge, ce qui lui sert de prétexte pour ne faire à peu près rien du reste de sa vie, sinon de courir les jupons, boire et manger. Il semble prendre plaisir à dépeindre une personnalité abjecte et grotesque, à décrire ses préoccupations de croustilles et d’alcool, bref, ce livre ne m’a pas particulièrement intéressé, bien que McEwan y démontre de façon convaincante  sa compréhension de la physique. Heureusement que j’ai acheté ce livre à la foire du livre d’occasion !

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