Archives par mot-clé : cequejailu

#2092 ce que j’ai lu (en souvenir d’Hilary Mantel)

La mort des écrivains ne me rend généralement pas triste, mais Hilary Mantel est une exception. En fait, il m’a semblé, particulièrement après la lecture de son autobiographie et du troisième volet de sa trilogie sur Thomas Cromwell, qu’elle était medium plutôt qu’écrivaine. 

Ci-dessous se trouve ce que j’en disais en décembre 2020.

The Mirror and the Light (pas encore traduit en français je crois). Troisième volet de la trilogie autour de la vie de Thomas Cromwell, publié en 2020 je croyais que ce livre qui m’a impressionnée davantage que les deux premiers serait non seulement  en lice pour le Booker de cette année, mais gagnerait pour la troisième  fois (ce qui aurait été du jamais vu). Cela ne s’est cependant pas matérialisé. J’ai lu ce troisième volet près avoir lu Giving up the ghost, publié en 2003, l’autobiographie de Mantel. Est-ce la raison pour laquelle  j’ai eu l’impression, en lisant son plus récent livre, d’avoir affaire à une medium, plutôt qu’à une écrivaine? On a vraiment l’impression d’être transporté dans la tête de Thomas Cromwell, et c’est là son plus grand talent. Je ne sais pas si elle maîtrise davantage son écriture et son personnage dans le troisième volet, ou si je l’apprécie davantage après avoir lu sa biographie. Quoi qu’il en soit, un travail de maître encore une fois. C’est cependant son écriture qui m’a fascinée cette fois-ci, plutôt que le personnage. Je dois d’ailleurs avouer qu’il y avait un peu trop de torture vers la fin, mais cela n’a en rien gâché mon plaisir.

Ce que j’ai lu en vrac, Ishiguro, de Vigan, Mazzeo

Ce que j’ai lu en vrac, Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature (2017)  ainsi que du Booker (1989) pour Les vestiges du jour, que j’ai lu il y a quelques années et qui m’avait beaucoup impressionné. Lorsque j’ai vu Nocturnes (2011), au marché du livre d’occasion de Nelson, je me suis dit que j’aimerais peut-etre, même s’il s’agissait de cinq nouvelles, un genre que je n’apprécie habituellement pas beaucoup. Et ce qui m’avait emballé dans Les Vestiges du jour, la subtilité du propos, la délicatesse de l’écriture, m’a terriblement ennuyé dans ses nouvelles ayant pour thème commun la musique, une sorte de subtilité d’écriture sans profondeur, mais c’est peut-être tout simplement que je n’aime pas les nouvelles. Le critique du Sunday Times a en fait bien résumé ma pensée :

« Closing the book, it’s hard to recall much more than an atmosphere or an air; a few bars of music, half-heard, technically accomplished, quickly forgotten.

Peut-être que c’est ce qu’il a aimé du livre, alors que moi, c’est ce qui m’a ennuyée.

Delphine de Vigan. Rien ne s’oppose à la nuit (2011). Je suis  en retard sur les nouveautés, mais il coûte trop cher de faire venir des livres en français en Nouvelle-Zélande et je ne peux non plus me fier à Kindle ou à d’autres plateformes électroniques, qui ne permettent pas d’acheter des livres venant d’autres pays (je ne comprends pas du tout pourquoi). Je suis assez contente malgré tout d’avoir trouvé cinq ou six livres en français au marché du livres d’occasion de Nelson, dont celui-ci, d’une autrice dont j’avais déjà lu D’après une histoire vraie (2017), une sorte d’autofiction dont j’avais parlé dans le blog. Dans Rien ne s’oppose à la nuit, elle se penche sur la vie de sa mère, qui a souffert de maladie mentale, du silence de la famille, de son effet sur elle-meme et sa sœur, d’une manière authentique, où l’on sent toujours la tendresse. Beaucoup de questions, quelques réponses, bref, elle revisite d’une manière originale, le sujet sans fond du passé, de la famille, des origines et de la fiabilité de la mémoire.

The Hotel on Place Vendôme, de Mazzeo Tilar J. (2014). En gros, il s’agit plus ou moins de l’histoire  du Ritz, depuis la fin du dix-neuvième siècle, mais surtout de ses clients célèbres,  dont Proust, Hemingway, Coco Chanel, Marlene Dietrich, Ingmar Bergman, le duc et la duchesse de Windsor, Arletty, mais c’est également l’histoire de l’occupation allemande, des journalistes de guerre et de bien d’autres choses. L’autrice connaît bien son sujet et le contexte historique entourant des événements particuliers bien documentés. Une façon légère de comprendre l’histoire, un peu dommage que ce livre ne soit pas traduit en français.