Archives de catégorie : litterature

Ce que j’ai lu en vrac, Ishiguro, de Vigan, Mazzeo

Ce que j’ai lu en vrac, Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature (2017)  ainsi que du Booker (1989) pour Les vestiges du jour, que j’ai lu il y a quelques années et qui m’avait beaucoup impressionné. Lorsque j’ai vu Nocturnes (2011), au marché du livre d’occasion de Nelson, je me suis dit que j’aimerais peut-etre, même s’il s’agissait de cinq nouvelles, un genre que je n’apprécie habituellement pas beaucoup. Et ce qui m’avait emballé dans Les Vestiges du jour, la subtilité du propos, la délicatesse de l’écriture, m’a terriblement ennuyé dans ses nouvelles ayant pour thème commun la musique, une sorte de subtilité d’écriture sans profondeur, mais c’est peut-être tout simplement que je n’aime pas les nouvelles. Le critique du Sunday Times a en fait bien résumé ma pensée :

« Closing the book, it’s hard to recall much more than an atmosphere or an air; a few bars of music, half-heard, technically accomplished, quickly forgotten.

Peut-être que c’est ce qu’il a aimé du livre, alors que moi, c’est ce qui m’a ennuyée.

Delphine de Vigan. Rien ne s’oppose à la nuit (2011). Je suis  en retard sur les nouveautés, mais il coûte trop cher de faire venir des livres en français en Nouvelle-Zélande et je ne peux non plus me fier à Kindle ou à d’autres plateformes électroniques, qui ne permettent pas d’acheter des livres venant d’autres pays (je ne comprends pas du tout pourquoi). Je suis assez contente malgré tout d’avoir trouvé cinq ou six livres en français au marché du livres d’occasion de Nelson, dont celui-ci, d’une autrice dont j’avais déjà lu D’après une histoire vraie (2017), une sorte d’autofiction dont j’avais parlé dans le blog. Dans Rien ne s’oppose à la nuit, elle se penche sur la vie de sa mère, qui a souffert de maladie mentale, du silence de la famille, de son effet sur elle-meme et sa sœur, d’une manière authentique, où l’on sent toujours la tendresse. Beaucoup de questions, quelques réponses, bref, elle revisite d’une manière originale, le sujet sans fond du passé, de la famille, des origines et de la fiabilité de la mémoire.

The Hotel on Place Vendôme, de Mazzeo Tilar J. (2014). En gros, il s’agit plus ou moins de l’histoire  du Ritz, depuis la fin du dix-neuvième siècle, mais surtout de ses clients célèbres,  dont Proust, Hemingway, Coco Chanel, Marlene Dietrich, Ingmar Bergman, le duc et la duchesse de Windsor, Arletty, mais c’est également l’histoire de l’occupation allemande, des journalistes de guerre et de bien d’autres choses. L’autrice connaît bien son sujet et le contexte historique entourant des événements particuliers bien documentés. Une façon légère de comprendre l’histoire, un peu dommage que ce livre ne soit pas traduit en français.

what I have read : Isabel Allende : Ines of my soul

Atacama desert, Chile, 2018, Sylvie GE

Isabel Allende, Ines of my soul, Fourth Estate, 2006, 313 p. I found this book at the Nelson second hand book fair last year. This is the first book by Isabel Allende that I read. I wasn’t expecting much, but I was pleasantly surprised by her skill in telling this particular story. It remains to be seen if her other books are just as well written. I felt a real affection from Allende for Inès de Suarez, a seamstress born in Plasencia, Extramedura, Spain in 1507, who embarked for the New World at the age of thirty to join her husband, whom she never found. She instead became a conquistadora who was able to earn the respect of those she met. In 1538, she moved to Cuzco where, as a soldier’s widow, she received a piece of land and « Indians », as the natives of South America were called in those days. Shortly after, she met Pedro de Valdivia, the conquistador of Chile. She becomes his mistress and accompanies him in his long campaign of conquest.

Reading this book, I remembered the beautiful times I spent in South America. In fact, I would have liked to have read this book before travelling there, because Isabel Allende explains quite well the dynamic existing at the time, between the local populations and the Spaniards, the motivations of the conquistadores, their behavior towards « Indians « . One can feel the great respect she feels for the values ​​of the peoples of the territories where she lived, their absolute desire for freedom, their contempt for pain and death, their total incomprehension of the concept of land or human property, their understanding of nature, and many other things. She tells in details the story of Lautaro, of the Mapuche people who, according to what we know of him, would have been captured by the Spaniards when he was very young to take care of the stables and the horses of Valdivia. . After escaping, he led the charge with the Araucanians against the Spaniards. He later captured Valdivia, which he executed a month later. As for Inès Suarez, she was the mistress of Valdivia until the day he had to undergo a trial in Lima, at the end of which he agreed to drop Suarès (and find her a husband) in exchange for his own freedom. In 1549, Suarès married the captain of Valdivia, Rodrigo de Quiroga, with whom she then spent happy days devoting herself to charitable works until her death. We feel Isabel Allende’s affection for all the characters appearing in the 313 pages of her fictionalized story, but based on true documents, which she knows very well. I liked this book enough to make me want to go to the library to see if I could find another Allende book there.

Ce que j’ai lu : Karl Ove Knausgaard : La mort d’un pere

Nelson, hiver 2021, Sylvie GE

Un nouvel auteur, à propos duquel certains affirment qu’il est la découverte du 21e siècle : Karl Ove Knaussgaard, de Norvège, surtout connu pour « Mon Combat » (titre inspiré de « Mein Kampf », mais me semble-t-il sans aucun rapport avec la publication allemande (mais jusqu’à présent je n’ai lu que deux des six volumes sous ce titre)). Je ne sais trop ce qui m’a attisé ma curiosité pour cet auteur, qui a relaté en six volumes, sa vie quotidienne et intérieure sous tous les angles. Il avait auparavant publié d’autres titres  très bien reçus par la critique, couronnés de divers prix, mais c’est « Mon Combat » qui l’a fait connaître mondialement. En principe, une sorte d’autofiction aux saveurs narcissiques n’avait rien pour attirer mon attention. Et pourtant. J’ai d’abord lu « Printemps », qui est je crois son avant-dernier titre, alors que je ne savais pas par lequel commencer (le printemps me semblait plus logique, alors qu’il fallait commencer avec « La mort d’un père », où il relate, sans surprise, la mort de son père, mais également son adolescence et ce, en n’omettant aucun détail). Il y parle autant de détails insignifiants que de moments importants, ce qui fait que certains passages sont ennuyeux (je n’ai pas toujours la patience de lire tous ces passage). L’éditeur le présente comme « un voyage affectif d’une fidélité absolue », une description très juste, à mon avis, de l’adolescence de l’auteur à la mémoire exceptionnelle. Il se rappelle des couleurs, des saveurs, des moments, des bruits avec une justesse qui me dépasse et que je ne saurais sans doute pas reproduire. Au-delà de ce détail littéraire, et même si certains moments sont longs, je ne suis pas certaine de pouvoir mettre le doigt sur la raison précise de ce qui me touche profondément : sa fidélité totale à ses souvenirs, sans complaisance aucune , sa profonde honnêteté ? Je ne trouve chez lui aucun désir de se présenter sous un jour favorable, de s’autofictionner pour se glorifier ou se plaindre, comme on le trouve souvent dans ce genre d’ouvrage. J’ai lu quelques critiques où l’on mentionne qu’on le déteste ou qu’on l’adore, j’imagine assez facilement les deux réactions. Quant à l’auteur lui-même, il a confessé qu’il s’est mis à écrire cette suite, alors qu’il avait de la difficulté à écrire, qu’il l’a d’abord fait pour saisir le moment présent, ce qui se passait dans sa tête, et qu’il n’avait alors aucune intention de publier ce qu’il écrivait et que je crois sans peine compte tenu de ce qu’il projette aux yeux des lecteurs, soit un être humain somme toute assez ordinaire, se démenant dans un monde qu’il ne comprend pas toujours. Ailleurs, il avoue qu’il est un individu rempli de honte, dont il a tenté de se libérer en relatant ce qu’il considérait comme honteux et son écriture, comme une exploration littéraire nouvelle, d’un nouveau genre. Il me semble qu’il a raison et que la littérature, tout comme la poésie (que j’explore très humblement, à ma manière), est toujours en mouvement, d’une manière infiniment mystérieuse et fascinante, dans son désir d’explorer toujours davantage, les profondeurs de l’esprit humain.  Evidemment, son entourage apparaît dans ses livres et n’apprécie pas nécessairement, ce qui a bien sûr conduit à la remise en question de sa version des faits et confirme que tout événement est vécu d’une manière unique. Il doit de surcroît vivre avec ce qu’il a admis avec honnêteté, la possibilité que ses enfants lisent un jour ses livres (pas particulièrement réjouissant). Donc, peut-être à lire ou non, cela dépend vraiment de ce qu’on cherche dans un livre. Quant à moi, j’ai l’intention de continuer à le lire. Pourrai-je me rendre au tome 6 ou non ? A suivre.   

En bonne compagnie

Ronda, Avenida Poeta Rilke, novembre 2019, canon, Sylvie GE

J’ai lu il y a de cela bien longtemps, Les Elégies de Duino du poète Rainer Maria Rilke, considéré par certains comme le poète de langue allemande  le plus important du 20e siècle. Je fus donc surprise de trouver une avenue portant son nom à Ronda et en cherchant la raison sur Internet, j’ai appris que c’est à Ronda qu’il a guéri le blocage dont il souffrait après avoir écrit les deux premières élégies, tandis qu’il traversait une crise existencielle et spirituelle et qu’il  faisait un pèlerinage tourmenté en Espagne à la recherche de l’inspiration qui lui permettrait de terminer ses élégies. C’est à l’hôtel Reina de Victoria, où il pour admirer le Tajo que l’inspiration lui revint. Voilà que je me sens ici un peu plus chez moi ! 

Je comprends que la vue de ce paysage naturel magnifique, où les traces de l’humanité se sont fondues harmonieusement, ait pu débloquer son imagination. La seule chose qui m’intrigue est de savoir comment un « pauvre » poète (tous les poètes sont pauvres, non ?) ait pu se payer un séjour dans un hôtel de luxe. Quant à nous, il nous a fallu nous contenter d’un Airbnb modeste, ce qui ne nous d’ailleurs pas empêché d’adorer l’endroit. Le mélange des cultures, la grandeur naturelle du paysage, en a fait un endroit où règne une atmosphère particulière, qui malheureusement fait aujourd’hui le bonheur des influenceurs.